dimanche, décembre 10, 2006

Nouveau blog de Stéphane Escafre, sur le cinéma la vidéo et les échecs sur http://cinechecs.blogspot.com/

dimanche, juin 04, 2006

Ronde 13 : Dormir, je veux dormir.

Le fait est que je suis fatigué. Longue journée "Alors Stéphane, c'est dur de rien faire ?". Je ne donnerai pas le nom de l'auteur de cette plaisanterie fine que j'entends douze fois par jour depuis que le Président de la FFE est arrivé à Turin.
Remise des prix : Foule

Aujourd'hui petit incident à la table à côté de la mienne (il n'y a jamais d'incidents à ma table, of course !) : L'adversaire de Y. Pelletier demande la nulle à l'arbitre pour répétition de position… mais… il oubli de noter son prochain coup qui va répéter la position.
L'arbitre lui demande alors de noter ce coup. Yannick s'énerve : la formulation n'était pas correcte, l'arbitre aurait dû refuser la demande pour vice de forme... Intervention du Senior Arbiter (il est revenu, pour ceux qui ont suivi les épisodes précédents). Finalement Yannick accepte la nulle. A la reconstitution il s'aperçoit qu'il n'y avait pas répétition. Yannick est amer.

J'arbitre Biélorussie – Bosnie Herzégovine : Une affiche digne du concours eurovision de la chanson. A la fin de la rencontre un des GM bosniaque herzégovin (?) me demande s'il peut garder le badge "en souvenir". Comme je suis méchant je refuse et j'applique la consigne : Je prends le badge du joueur. Je donne le badge au capitaine. Alors seulement, le capitaine peut le donner au joueur. La consigne, c'est la consigne. Le joueur a la gentillesse de sourire.
Je cherche le capitaine biélorusse. Introuvable. Je demande au dernier joueur présent. Il ne sait pas. Je demande à ma voisine - la copine de Pelletier -, elle est biélorusse mais ne voit pas le capitaine. (Note du 19 juin 2006 : ce n'est pas vraiment sa copine, c'est l'arbitre avec laquelle YP a eu des problème) Je cours, je vole, je fais le tour de la salle de jeu. Rappelons que l'Oval a servi d'écrin aux Jeux Olympiques d'hivers pour le patinage de vitesse. Je bas le record olympique de patinage de vitesse.
Impossible de trouver le capitaine manquant. C'est donc le front rouge de honte que je m'approche du Senior Arbiter (celui qui a séché deux jours) et je lui présente une feuille où il manque une signature. Je suis confus, va-t-il me traduire devant la Commission d'Ethique ? Va-t-il me retirer mon titre d'Arbitre International ? Non, l'homme est miséricordieux :"OK ne vous inquiétez pas, ce n'est pas un problème".
Ah bon ?

La France joue la Bulgarie. Mr. Zdravko NEDEV me salue. Je salue Mr. Zdravko NEDEV. C'est le Président de la DNA bulgare. Je n'ai pas eu le temps de vous parler de lui mais c'est un personnage avec un charme discret et une grande élégance naturelle. Il m'a semblé un excellent arbitre pour autant que je puisse en juger. Parfaitement francophone avec des tournures de phrases un peu surannées.
Bref nous nous approchons du match entre nos deux équipes (photo).
Une partie, il suffisait d'une petite partie gagnée et la France montait sur le podium. On notera les excellents résultats individuels de J. Lautier et E. Bacrot. Chez les filles aussi, on peut apprécier de bons résultats individuels. Vous lirez tout cela sur d'autres sites beaucoup mieux qu'ici.

Aujourd'hui, j'ai rencontré Madame *** des U.S.A. (ce pays dont les habitants n'ont pas de nom – J.L. Godard). C'est un personnage pétillant, Arbitre Internationale.
Elle possède un appartement sur Central Park à New York et passe le reste de son temps dans son île qu'elle quitte aux commandes de son avion privé.
Je l'ai immédiatement demandé en mariage. Elle réfléchi encore.

Saviez-vous qu'il y avait plus de 150 volontari (bénévoles) autour de ces Olympiades ?

Si quelqu'un vous demande "Qui a gagné à Turin ?". Certains vous diront l'Arménie ou l'Ukraine. D'autres facétieux vous répondront Kirsan. Quelques experts avanceront le nom de Kramnik qui réalise la meilleure perf.
En fait, le vainqueur de ces Olympiades, ce sont les Echecs… non, je déconne, c'était pour voir si vous suiviez.
Le vainqueur des Olympiades, c'est la Chine. Si quelqu'un vous dit autre chose, c'est un menteur. La Chine s'éveille et le Monde échiquéen tremble (comme aurait dit Napoléon en 1816)
Les nations "ex soviétiques" gagnent encore…
La Chine gagne déjà…
Y'a nuance !
La Chine remporte le combiné homme-femme

Mais ne nous éloignons pas de l'arbitrage, je risque d'écrire des bêtises.
J'ai rencontré ici, aux Olympiades de Turin, une douzaine de personnes qui m'ont impressionné par leur maîtrise de l'arbitrage. Des gens à l'aise, sûr d'eux, efficaces et effacés. Des arbitres au service des joueurs, qui savent rester à leur place la plupart du temps mais qui savent aussi remettre les joueurs à leur place quand il le faut, sans forcer.
Remarquons que les règlements internationaux ont donné les moyens aux arbitres d'être nombreux donc opérants. Un seul arbitre, ça gueule. Cent arbitres, ça murmure.
Je vais donc proposer au prochain CD FFE de multiplier par dix le nombre d'arbitres dans les compétitions fédérales. Les membres du CD, rejetteront certainement ma proposition, jaloux de ne pas avoir eu eux même cette excellente idée.

Ainsi s'achève ce blog éphémère

Les Olympiades étaient cosmopolites, vous savez de quoi je parle.

samedi, juin 03, 2006

Ronde 12 : Confusion. Qui suis-je ?

J'arbitre Croatie - Suède. Agrest, le 1er échiquier suédois est en retard. Annonce au micro qui nous demande de démarrer la ronde. Je m'approche de la table et tend le bras vers la pendule. Le GM croate Kozul m'attrape alors la main et la serre, pensant que je suis son adversaire.

Plus tard, Shveshnikov me demande en russe si je parle russe. Je lui réponds, en ruse, que je ne parle pas russe. C'est la seule phrase que je connais dans sa langue. Il commence "Doctor Elgendy…" Je le coupe en lui indiquant mon chef.
Le capitaine de l'équipe du Pays de Galles me demande si je suis un arbitre. "Oui !" criais-je, "Oui, je suis un arbitre" et je l'embrasse sur les deux joues (enfin presque). Il me demande "Un de nos joueurs a fait une norme. S'il joue demain et qu'il perd, sa norme est-elle toujours valable ?" "Yes Sir !" "Are you sure ?" "Yes Sir". Et il part, rassuré. Et je pars, rassuré.

C'est le deuxième jour que nous n'avons pas de Senior Arbiter. Il est remplacé par une lettone. Senior Arbiter : L'est-on ou ne l'est-on pas ?

(de gch à dte : M. Vachier-Lagrave, A. David, L. Battesti,
S. Laborde, S. Bennama)

La RAI (télévision nationale italienne) filme la première table, celle de la France contre l'Arménie. L'arbitre a soigneusement calculé les distances de sécurité. Pour ce match médiatique, le Chief Arbiter a autorisé les photos pendant 20 min. Quatre match nuls après trois heures de jeu. Demain, nous affrontons la Bulgarie pour la 3e place.

Arrivé de nombreux frenchy : S. Laborde (Palamede et Chaturanga), E. Relange, JB Mullon, A. Vaisser, toujours G. Bellet, etc…

(A. Vaisser, G. Bellet, P. Tregubov)

Sissi, l'arbitre chinoise rencontrée à Belfort, me demande dans un anglais approximatif que je reçois d'une oreille fatiguée "Stéphane peux-tu me rendre un service" - "Oui, bien sûr" – "Est-ce que tu vois LAMULE ?" –"Pardon ??" - "Oui, LAMULE qui me conduisait à Belfort ?" – "Tu parles d'un arbitre ?" – "Oui, LAMULE". Je réfléchis et après un gros effort de concentration, je lui demande "Emmanuel ?" – "Oui c'est ça, LAMULE". Achevons ces quelques ligne comme elles avaient commencé : dans la confusion.
Ouf. Manu (Variniac) aura son présent.

Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "Staphan" avec l'accent du Surinam (c'est où le Surinam ?), vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.

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Bonus : Après avoir perdu contre Jacky/Afrique du Sud, Leo se venge sur Eric/Europe du Sud, sous l'oeil hilare de Nigel Short.

vendredi, juin 02, 2006

Ronde 11 : Chocolat marocain et chameau suisse.

Victor Kortchnoï est une légende, une star. Comme toutes les stars (à part Anand, Bacrot, Lautier, Grichuk, Carlsen, Aronian, etc…) Viktor a des caprices. Aujourd'hui, il fait la Une du bulletin : "Avertissement de Victor Korchnoï". Il vient de perdre plusieurs parties d'affilé : à cause des photographes et des autographes. Dorénavant, il est donc interdit de prendre des photos ou de demander de signer un autographe à Kortchnoï avant la partie (et pendant, bien sûr).
J'avais indiqué, il y a quelques jours que l'ancien Vice-Champion du Monde se moquait des photographes. A présent, il les exècre.
Le Chief Arbiter fait même une annonce au micro : vous pouvez demander des autographes à tout le monde, sauf à Monsieur Kortchnoï.
Scène vécue : Un photographe s'approche du Terrible Victor. Celui-ci se cache immédiatement sous sa veste colorée. On voit donc un fantôme vert qui s'agite en attendant que le journaliste s'éloigne, chassé par le Deputy Arbiter.
Bien sûr, tout le monde veut photographier ce tableau.

J'arbitre Bulgaria-Marroco table Tissa Achar. Jacques Elbilia est au premier échiquier, son capitaine est Hicham Hamdouchi.
Jacques me demande : Peux-tu demander à Hicham d'aller m'acheter du chocolat ? Je crois que je n'ai pas le droit de lui parler.
Moi : Si, si, tu peux lui parler en ma présence.
Hicham, un peu surpris par la demande va acheter du chocolat. C'est aussi cela, le rôle du capitaine. Quand il revient, il me dit "Il m'a eu. C'était pas prévu ça".

Lilienthal qui vient de fêter ses 95 ans est de retour dans la salle de jeu. Il marche, à petits pas, aidé d'une simple canne, vers le match U.S.A. – Russie. On lui apporte une chaise et il suit ainsi la partie Kamsky-Kramnik. Cet homme qui est à deux mètres de moi a joué face à Alekhine, Capablanca, … Magnus Carlsen (photo) passe à côté de lui sans le voir, il se contente de jeter un œil sur la position au premier échiquier. 80 ans séparent ces deux joueurs d'échecs.

Personne ne parle des élections qui se déroulent assez loin de la salle de jeu.

Quelqu'un me fait signe parmi les spectateurs. Je m'approche : Georges Bellet. L'extraordinaire Georges Bellet, l'indispensable Georges Bellet. Pourquoi n'est-il pas encore arbitre international celui-là ?
Il me montre Gijssen et me demande : "C'est lui ton chef ?" Je réponds que oui. "Je me souviens l'avoir invité dans un bouchon lyonnais (note : G. Bellet a participé à l'organisation des plus grands matchs), et il y avait de la cochonnaille à manger. C'est là que j'ai appris qu'il était végétarien. Le lendemain, nous avons rattrapé le coup".

Repas : Alors que je demande un peu plus de fromage avec mes spaghettis aux fruits de mer, la serveuse me regarde avec un grand sourire " sei italiano ?". Je ne sais pas pourquoi je lui réponds " Sì, certo, vengo da Milano.".
Nous donnons des tickets pour prendre les repas. Ils ont chacun une couleur différente : rose pour le petit-déjeuner, jaune pour le déjeuner et vert pour le dîner. Pour ne pas que je me trompe, l'hôtesse qui m'a remis les tickets, le premier jour, m'a beaucoup aidé. Elle parlait français. "Vous voyez, celui-ci c'est pour le déjeuner". Et elle trace un D majuscule sur les tickets jaunes. "Et celui-là, pour le dîner". Elle trace un D majuscule sur les tickets vert. Ainsi, je ne peux pas me tromper.

Scoop : c'était Gata Kamsky qui se cachait sous le costume de Casimir, face à Etienne Bacrot ronde 10. On le reconnaît mieux ainsi (photo).
Les Français battent les Chinois. Trois nulles et une victoire de Lautier. La France est deuxième ex aequo.

Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "Stiofán" avec l'accent gaelique, vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.

Interlude : Champion du Monde.

L'ambiance de ce Championnat du Monde est irréelle. D'abord, il y a du bruit, beaucoup de bruit. Les joueurs d'échecs se parlent pendant les parties ! "Eh mec, c'est à toi de jouer, t'es pas là pour te promener !". "Tiens, j'aurai cru qu'il fallait échanger les Dames". Ils mangent, ils boivent. Leur tenue est très décontractée.
Il y a bien des échiquiers et des pendules que les joueurs utilisent normalement mais pas de feuilles de partie. Sans doute un oubli de l'organisateur. Soudain, mon œil acéré d'arbitre de haut niveau remarque qu'il y a des tricheurs. Il y en a même plusieurs !
Je cherche des yeux mon collègue pour lui signaler ce scandale. Pensez donc, nous sommes dans un Championnat du Monde et certains participants s'aident d'un ordinateur ! Oui, vous avez bien lu : un ordinateur. Ils ne se cachent même pas les effrontés. Je commence à crier au scandale, à hurler que c'est une honte pour les échecs !
Un monsieur s'approche de moi et me dit gentiment : c'est normal qu'ils utilisent des ordinateurs, c'est le Championnat du Monde des logiciels d'échecs.

La compétition vient de s'achever, et c'est Junior de Amir Ban et Shay Bushinsky qui remporte le 14e World Computer Chess Championship.

Photo : à gauche, votre serviteur avant l'arrivée des forces de l'ordre. A droite, Crafty.

Site officiel : http://www.cs.unimaas.nl/wccc2006/
Classement : http://www.cs.unimaas.nl/wccc2006/schedule.html
Chessbase : http://chessbase.com/newsdetail.asp?newsid=3153

Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "0110011111001111100010010011110100" avec l'accent électronique, vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.

jeudi, juin 01, 2006

Interlude Wifi : Espace internet de minuit à minuit trente

Dans le fond de la salle, on entend parler espagnol.
Paco Vallejo-Pons vient de sortir de la salle intenet.

Je suis assis en face de Karjakine (photo). JM Péchiney - Europe Echecs - lui glisse quelques mots et un exemplaire du magazine.
Jean-Michel me rappelle qu'il faut qu'on écrive un petit truc sur l'arbitrage à Turin. Je lui dis que je pense qu'il n'y a pas eu d'arbitre français à une Olympiade depuis Nice, 1974. Mais je dois vérifier.
[Note du 6 juin 2006 : Jean-Paul Touzé a été arbitre à l'Olympiade de Moscou (1994). A la demande de Kasparov et d'Averback, il arbitra les deux équipes Russes ! Jean-Paul fut également sélectionné pour arbitrer à Elista (98) mais les conditions scandaleuses sur place (hébergement médieval,...) l'on poussé, ainsi qu'un collègue anglais, à quitter cette organisation indigne.]

Paco Vallejo-Pons rentre. Il me salue. Je l'ai arbitré, il y a deux semaines, à Bordeaux.

A droite un groupe de Chinois : Chinese Taipei TPE (ne pas confondre avec China CHN). Le plus jeune tue un moustique en plein vol. Je n'ai pas le temps de prendre une photo

A ma gauche, un monsieur (photo) me demande si je parle anglais. "Yes a little". Il insiste : vous parlez bien anglais ? "What do you want to know exactly ?" (que voulez-vous savoir exactement ?). Il me montre l'écran : Est-ce que dans l'œuvre de Shakespeare… "Euh sorry, I don't realy speak english".

Paco Vallejo-Pons sort.

Les chinois sont trois sur une chaise (photo)… ils se cassent la figure. Je n'ai pas le temps de prendre une photo.

Le docteur Barbier entre : "Stéphane, j'ai un scoop pour toi, si tu veux faire une bonne photo, demain à 19h30, l'équipe de France va courir, rendez-vous en bas de notre bâtiment". Promis, je n'en parle à personne.

Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "István" avec l'accent hongrois, vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.

Interlude électoral : European Chess Union.

Jour de repos ? Pas pour tout le monde !
Réunion de l'ECU et diverses élections. On m'avait raconté des choses… elles sont toutes fausses. Voici un dialogue imaginaire qui n'a rien a voir avec ce qui se passe ici, bien entendu.

Candide candidat : Vous votez pour nous ?
Vieux votant : Si vous voulez. Qu'est-ce que ça me rapporte ?
CC- Et bien nous allons essayer de développer la masse des joueurs…
VV- OK, mais qu'est-ce que j'y gagne.
CC- Si nous développons les échecs, cela sera bénéfique pour tous et …
VV- Pourriez-vous éponger notre dette de plusieurs milliers d'euros ?
CC- Euh, ce n'est pas exactement ce que nous…
VV- J'ai besoin d'une secrétaire particulière ce soir, à mon hôtel.
CC- Ah oui, vous travaillez tard.
VV- Nous aimerions organiser quelques compétitions.
CC- Nous allons examiner votre dossier, si c'est le meilleur, nous sélectionnerons votre ville.
VV- Et bien, Monsieur le candidat, vous m'avez convaincu, ma fédération est de tout cœur derrière vous. Vous l'aurez dans l'ECU
note : je prie les amateurs de Bossuet et de citation latines de m'excuser pour ce jeu de mot lamentable et vulgaire. Mais je suis obligé de soigner aussi la masse la plus basse de mes lecteurs :-)

Heureusement cela ne se passe pas toujours ainsi et quelques noms font l'unanimité (ou presque). Notre ami… pardon, notre EXCELLENT ami Damir Levacic a été réélu au Board de l'ECU, et c'est une excellente nouvelle pour le développement des échecs. Comment ? Moi, complaisant ? ...Quand je pense que j'aurai pu négocier ces quelques phrases... alors que Damir ne m'a même pas offert un café.

Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "Stéphan" avec l'accent belge, vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.

Jour de repos :

Hier soir (nuit et matin) traditionnelle "Bermuda party". A l'extérieur du village olympique. Il semblerait que tout ce qui s'y est passé ne soit pas racontable. Personnellement, je relisais les œuvres complètes de Paul Claudel, seul dans ma chambre.

Au fait, pourquoi "Bermuda Party" ? Est-on obligé de venir habillé en bermuda ? Et bien non, ce sont les organisateurs : Les Bermudes. Il y avait quatre DJ différents, trois bars et deux dance floors (Je rappelle que je suis venu ici à mes frais). Il parait que c'est une soirée qui se fait à chaque Olympiade, depuis Malte 1980 (une exception : Elista 98 à laquelle les Bermudes n'ont pas participé). A Calvia, elle avait lieu dans la boite BCM. A Istanbul, la bière était à environ 1$50.
La boite choisie cette année s'appelait "Hiroshima Mon Amour", à dix minutes de marche pour aller (parfois plus pour le retour). L'entrée était gratuite pour les filles et 10 € pour les garçons (une boisson incluse).
La plupart des joueurs décrivent ces soirées comme propices aux échanges culturels et permettant de faire des découvertes socialement enrichissantes.
"Quiconque donc s'attache au sensible, il faut qu'il erre nécessairement d'objets en objets" Comme disait Bossuet dont il faudra que je pense à relire les oraisons funèbres au lieu d'écouter des samples de Shakira. Personnellement je trouve le beat de Jean Wyclef t align="center">Aujourd'hui, soutien de Kasparov au "Right Move,
des copies sont largement distribués.

mercredi, mai 31, 2006

Ronde 10 : Aujourd'hui E. Bacrot affronte Casimir (voir photo).



Cependant ce n'est pas l'heure des rires et des chants. Un petit 2-2 contre les USA.

En sortant du restaurant, je croise Hicham Hamdouchi. Une pensée me traverse l'esprit. Je lui demande comment dit-on "dix neuf" en arabe : Il me répond quelque chose que je tente de répéter. Comme il esquisse un sourire, je lui demande de me l'écrire en phonétique. "Tissa Achar". Je m'entraîne un peu, il a l'air satisfait. Je le remercie et vais boire un café avec mon ami Carlos Dias.
Comme il fait fresco, nous décidons de nous rendre à pied à la salle de jeu mais la pluie se met à tomber et notre plan tombe à l'eau. Nous prenons donc la navette mise à la disposition des arbitres et des handicapés.
Arrivés à l'Oval (salle de jeu), nous nous dirigeons vers Mr Elgendy, le Deputy Chief Arbiter. C'est lui qui distribue les feuilles de match. "Witch table ?" m'interroge-t-il. Je prends ma respiration et annonce "Tissa Achar". Il me regarde sans dire un mot, ouvre de grands yeux et semble ne rien comprendre. Devant son air surpris, je répète d'une voix forte "Tissa Achar". Il éclate de rire "Ah Ah ! You are wonderfull ! Ah Ah Ah !" et l'égyptien me donne la feuille de match n° Tissa Achar : Espagne Bengladesh.

Une hôtesse distribue des brochures "Kirsan" dans la salle de jeu. En voyant cela, Léo bouillonne : ce n'est pas très démocratique. Cependant, dans la brochure, on apprend que Kirsan est un type bien.

FYROM (Macédoine) contre Bosnie Herzégovine : Nulle sur les quatre échiquier en un quart d'heure. Je pensais que c'était demain le jour de repos. Normalement, les capitaines ne peuvent pas convenir de la nulle pour l'ensemble de l'équipe. C'est une affaire individuelle pour chaque joueur. Le capitaine peut simplement conseiller chaque joueur individuellement sur l'opportunité de proposer ou d'accepter la nulle. Il est évident qu'il est interdit de proposer nulle avant le match.
On constate donc avec un certaine surprise admirative, que chacun des huit adversaires a décidé de lui-même de faire nulle au même moment.

Un jeune homme se balade avec un baladeur. Je parle arménien presque couramment (c'est-à-dire que quand je parle arménien, mon interlocuteur part en courant), je demande donc en arménien de Londres à l'excellent Ashot Vardapetian, si c'est autorisé (le baladeur, suivez un peu !). Non, bien sûr. Ashot fait signe à l'arbitre le plus proche. Celui-ci fait signe au gamin d'enlever ses écouteurs mais le gamin ne comprend pas. Le Senior Arbiter est obligé de se lever.

Alors que je surveille le match n°19, avec Alexeï Shirov au premier échiquier, des bruits attirent mon attention sur la droite. Je tourne la tête et j'aperçois le grand Lilienthal qui vient de s'asseoir à côté du Senior Arbiter.

Une arbitre chinoise (photo) voudrait le n° de téléphone de Dominique Dervieux (oui, notre Directeur du BAF) pour lui souhaiter un bon anniversaire. Pas de chance, le téléphone de Zhiquian Gao ne semble pas fonctionner correctement.

Aleksandre Grichuk a réussi une fusion vestimentaire entre l'inspecteur Harry et Blondin (le Bon la Brute et le Truand). Grichuk est cependant plus mince que Clint Eastwood.

Six observateurs de Pologne sont postés depuis une demi-heure devant le match de leur équipe. Costume et cravate sombre. Ils sont tous les six habillés comme des vigiles de grande surface, avec un joli écusson brodé sur leur veste. A un moment, l'un d'eux a légèrement bougé le pied droit.

Le fantôme de Campomanes passe entre les tables. Petits pas et sourire sous la moustache blanche.

Derrière moi se joue le match n° 5 : Cuba-India. Hier soir les cubains on dîné dans un restaurant … cubain. Ils n'ont pas spécialement bu d'alcool mais de discussion en analyse, ils se sont quittés à six heures du matin. Anand n'a pas l'air fatigué.

Kirsan passe à côté de mon match, suivi d'une équipe de TV. Le Président de la Fide s'arrête et regarde la partie de Shirov. Comme je suis en train de récupérer les feuilles, mettre le résultat, … de la table 3, je n'ai pas le temps de réagir et c'est Shirov lui-même qui vire TV-Kirsan d'un grognement dont il a le secret.

Quand l'échiquier n°2 termine, Illescas-Cordoba ne veut pas me donner son badge noir. La discussion traîne un peu, il a peur que j'oubli de rendre le badge au capitaine. Il doute même que ce soit la consigne et demande confirmation au Senior Arbiter. Il confirme que j'applique les consignes correctement. Quand il me donne son badge, je réalise qu'alors que je lui parlais en espagnol, il me répondait en anglais.


Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "Esteban" avec l'accent du Venezuela, vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.



Interlude :
Le Président et le DG suivent les débats de l'Executive Board.



Moultes informations et longs monologues

Ronde 9 : La France bat la Russie… normal


Pendant la ronde, la Fide distribue des pochettes aux équipes (6 pochettes par équipes). Je demande au capitaine de l'équipe de Hungary (ça veut dire Hongrie en langage d'arbitre), ce qu'il y a dans cette fameuse pochette : tee-shirt, casquette, polo, informateur, porte clef et montre (modèle homme ou modèle femme, selon que vous êtes un homme ou une femme).
Rien pour les arbitres. Moi qui pensais revenir en Corse avec une douzaine de montres en or et le coffre de ma voiture rempli de boites de caviar.

En fait, pas tout à fait rien, puisque les arbitres ont reçu leurs indemnités. Les arbitres titrés reçoivent 750 €. Cela comprend le déplacement et l'indemnité d'arbitrage, pour 18 jours de travail. Soit environ 40 € par jour. Je préfère donner ces détails car certains fantasmes courent sur les arbitres à la Fide.
Il est à noter que ma présence à Turin n'a pas coûté un euro à la FFE, ni transport, ni hébergement.
La plupart des arbitres italiens (non titrés) ont touché 180 € pour venir aux Olympiades (déplacement compris). Il est vrai que c'est un entraînement de luxe et un stage extraordinaire.

Bon d'accord Thierry Barbier m'a battu 4-3 en blitz mais comme nous n'avions pas de pendule, j'étais le seul à jouer en blitz, lui jouait par correspondance :-)
Ce matin, le Docteur Barbier avait prévu de faire un peu de sport avec les joueurs de repos. En fait, ce sont les joueurs qui ont fait marcher le Doc : Thierry attend toujours. Difficile de faire changer de mauvaises habitudes alimentaires, des rythmes de vie un peu décalé… La présence de Thierry est un plus considérable pour l'équipe. Mens sana in corpore sano. Je crois que c'est La Rochefoucauld qui a dit (je cite de mémoire - tu parles !) : « La force et la faiblesse de l'esprit sont mal nommées ; elles ne sont en effet que la bonne ou mauvaise disposition des organes du corps. ».

Lautier et Grichuk annulent rapidement.

Sokolov neutralise Morozevitch.
Quelques minutes plus tard, un arbitre demande à Moro de lui signer un autographe. Moro regarde ce collègue une seconde puis passe son chemin sans dire un mot. Il est vrai que le moment n'était pas bien choisi.

Je vois passer Motylev, le capitaine de l'équipe Russe. Il a un costume beige et un visage sombre.

J'arbitre la Pologne face à l'Estonie. Il reste deux parties. Je demande à ma voisine de jeter un œil alors que je vais voir le résultat de la France : Bacrot vient d'annuler face à Kramnik. Le délégué de la Russie secoue la tête. Motylev se mord les lèvres (photo). Grichuk se passe nerveusement la main dans les cheveux. Morozevitch regarde le match d'à côté.

Il ne reste que Fressinet, face à Rublevsky. Avant de repartir vers mon match, je demande à JCM : "Alors il est comment Fress ?". "Il peut gagner" répond le Président d'une voix calme. Puis il se tourne vers la rangée centrale : "Putain ! si on bat la Russie le jour de mon anniversaire ! Oh la la… Déjà à Göteborg, c'est lui qui avait marqué le point décisif… Si l'histoire pouvait se répéter !"

Je retourne à mon match et le 4e échiquier de la Pologne fait nul. Je n'avais remarqué la jeunesse des adversaires. Globalement, la plupart de équipes sont composés de jeunes joueurs, moins de 25 ans. J'inscris le résultat sur les panneaux d'affichage. Il ne reste plus qu'une partie : finale Tour contre Cavalier & Tour. Je demande à Christian Bauer si c'est bien nul. Il me confirme que Bartlomiej ne devrait pas gagner. J'attends les 50 coups et je prépare une deuxième feuille de partie (numéroté de 81 à 160).

Je demande à ma voisine biélorusse de jeter un œil à cette dernière partie et je retourne voir Fressinet Rublesky. Les visages russes sont fermés, de plus en plus fermés. JCM a du mal à contenir son excitation. J'interroge du regard, le capitaine de l'équipe tricolore. Pavel me dit "C'est bon". Sobre. Côté français, la tension baisse et l'exaltation monte.
Les spectateurs ne sont pas autorisés à proximité des tables mais la foule est grande. La Dame de Laurent s'immisce dans le camps adverse et le Roi noir fait pitié à voir. Rublesky rougit… puis tend la main à Fressinet. C'est la fin, la France a battu la Russie 2,5 – 1,5 ! Kramnik, Grichuk, Morozevitch et Rublesky n'ont pas pris une partie aux français.
On assiste alors à un spectacle étonnant : les joueurs et les dirigeants français se congratulent. Ils sont fous de joie, s'embrassent, se tapent dans la main, se félicitent… en silence. Dans n'importe quel sport, on aurait sauté sur l'échiquier, les deux pieds en avant. On aurait chanté, crié. Là, personne n'a desserré sa cravate.

L'équipe russe est sinistre. Leur représentant est effondré. La température de la salle de jeu a baissé de plusieurs degrés. On a l'impression que Poutine va les envoyer en Sibérie.
L'équipe de France s'éloigne, plus soudée que jamais. Nous avons beaucoup d'amis.
Le président des arbitres bulgares me serre la main : "Vous n'aviez pas deviné le résultat mais je pense que vous êtes content". Il est vrai que je lui avais dit que nous allions gagner 4-0 !

Tandis que l'équipe de France quitte la salle sous les hourras silencieux, je retourne à la finale TC contre T. Le polonais est descendu à moins d'une minute.
Au 78e coup, je passe la deuxième feuille aux joueurs. Généralement, cela suffit à conclure la partie. Mais Bartlomiej veut gagner.

Les autres parties s'achèvent autour de moi et je vois mes collègues arbitres s'échapper l'un après l'autre. Mon Senior Arbiter passe régulièrement. A côté, Michael Adams remporte sa finale de Dame et pions. Il ne reste plus que ma partie. 450 échiquiers et il fallait que ça tombe sur moi. Alors que l'équipe de France a rejoint JCM au restaurant pour son anniversaire.
Je passe mon temps à faire taire les derniers spectateurs et mes collègues arbitres qui parlent forts, puisque "leur" match est fini.
Enfin, les Blancs réclament la nulle ! Pourvu qu'ils respectent la forme. Il n'a pas arrêté la pendule. Je lui demande de le faire. Il n'a pas noté son prochain coup ! Ouf… il le note. Je regarde Bartlomiej qui ne dit rien. J'attendais qu'il accepte la nulle de lui-même. Je lui demande s'il souhaite reconstituer la partie. Il tend la main à son adversaire. Il est 20h30 quand je quitte la salle. J'y étais arrivé à 13h30. Je peux enfin rejoindre l'équipe de France.

Quand j'arrive au restaurant je suis accueilli par le traditionnel "Tu vas quand même pas nous faire croire que ça bosse un arbitre !".


Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "Sté" avec l'accent corse, vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.

mardi, mai 30, 2006

Ronde 9 : La France bat la Russie dans la plus grande compétition d'échecs du Monde !

Que voulez-vous rajouter à cela ?

lundi, mai 29, 2006

Ronde 8 : Expresso

Due expressi per favore. A chaque fois que je bois un expresso en Italie, je pense à Erik Mouret qui ne supporte pas le mauvais café. Quand je pense qu'ici même, au village olympique, j'entends des joueurs demander "an american coffe please" et on leur sert un truc liquide qui semble avoir été récupéré dans une rigole, un soir d'orage...

J'arbitre à nouveau la Suisse avec Victor le Terrible. Sur la photo, il sourit mais c'était avant la partie. Nous nous moquons des photographes qui dérangent les joueurs.

La France joue juste derrière ma rangée. Ma voisine chasse les autographes, elle est Arbitre Internationale mais elle a encore un regard d'enfant face aux "stars". Elle cherche le n°1 français "Where is Etienné (elle est italienne) Bacrot ?" , je lui montre "Juste (je suis français) un front of you". "But where ?" insiste-t-elle, un peu enervée. "Ben là, tu vois bien, à un mètre de toi avec le costume gris". Elle ouvre de grands yeux étonnées. Elle cherchait un enfant.

Victor Bologan joue à côté du match que j'arbitre. Il me demande un stylo, dans un français parfait. Je lui en donne un. Il m'interroge : "Est-ce un bon stylo ?" Je lui réponds "Oh, oui, avec celui-là, c'est automatiquement 1-0". Il me fait remarquer gentiment qu'il joue avec les Noirs. (note : Ouf, il a gagné !)

Depuis plus d'une semaine que je suis à Turin, quand je me suis aperçu que tous les arbitres de haut niveau connaissent JC Moingt, tous les dirigeants connaissent D. Levacic. Les joueurs ? Et bien, ils me demandent tous "Alors, quand arrive Léo ?"

La ronde est lancée, tout va bien. Je demande à ma voisine de surveiller ma table trente secondes, le temps de prendre une photo à l'extérieur de la zone de jeu. Alors que je prends cette unique photo, pendant ces trente secondes (depuis une semaine !), j'entends, derrière moi, quelqu'un demander "Dis-moi, Escafre, il n'est pas arbitre dans ce tournoi !?" Je soupçonne Léo d'avoir attendu depuis huit jours, que je quitte la zone de jeu, pour arriver à ce moment précis !

Arthur Youssoupov passe en courant devant ma table. Il avait certainement une forte envie de passer.

A midi, j'ai déjeuné avec Geofrey Borg (Malte), le Directeur de campagne de B. Kok. Il nous faut environ vingt minutes pour parcourir les cent mètres qui nous séparent du restaurant. Je n'ai jamais vu quelqu'un serrer autant de main sur une si courte distance.

Voici l'annonce que j'ai lu aujourd'hui (je traduis mais je ne change pas un mot) :
FÊTE SAUVAGE AU VILLAGE OLYMPIQUE !
Lundi 29 juin, 23h30
Le GM Alfonso Romero Holmes vous invite à venir à sa fête d'anniversaire, à boire avec de la bonne musique.
Si vous êtes un garçon, venez avec 3 bouteilles de bières, 2 bouteilles de vin ou une bouteille de whisky ou de rhum…
Si vous êtes une fille, venez !

La France gagne facilement. Demain, elle joue la Russie, table 2 ! Maxime est impressionnant d'aisance ; on sent qu'il a encore beaucoup de réserves.

Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "Téphane" avec l'accent du Népal, vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.

Ronde 7 : Danses et Règlements.

C'est le "jour de la Kalmoukie", au stand Kirsan. Nous avons droit à des danses (photo) et des chants. Même Son Excellence esquisse quelques pas, avant d'offrir une poupée vêtue du costume traditionnel …à Bessel Kok

Aujourd'hui j'arbitre un français ! Comme je n'ai pas le droit d'arbitrer les français, vous aurez compris qu'il s'agissait d'une double nationalité : Yannick Pelletier qui joue pour la suisse. Et sur la première table, le grand Victor Kortchnoï.
Pendant la partie, K… Eh ! que se passe-t-il ! Je suis au point internet (wifi) et quelqu'un viens de me taper sur l'épaule ?? Je sursaute sous le choc. Dans cet antre du repli sur sois. "Mister Escafre !" Mais il continue le malotru ! Oh …! Mon voisin est Elgendy, le Deputy Chief Arbiter (celui qui court partout). Nous sommes assis à côté l'un de l'autre depuis une demi-heure et nous ne nous étions pas vu … Nous vivons une époque moderne !
Bon, revenons à Victor le terrible. Pendant la partie, il se met à éclater de rire. Connaissez-vous le dessin animé "Les Fous du Volants" avec Satanas et Diabolo. Et bien, V. Kortchnoï a le même rire que Diabolo, quelque chose entre le grincement de porte et le klaxon des premières automobiles. "Ah ! Ah ! Ah ! But this is a draw ! GrrrAhh ! Ggrrahh ! GgggrrrrRAAhh !" Son adversaire accepte cette proposition de nulle inabituelle :-)

Ce matin, à 9h réunion du Rules & Tournament Regulations Commitee. Deux personnes mènent les débats Geurt Gijssen (prononcez Heurt Raysseun) et Stewart Reuben (prononcez Stewart Reuben). Les propositions et questions à débattre sont imprimées et distribuées à toutes les personnes présentes (15 pages). J'ai l'impression que le chairman traite indifféremment les interlocuteurs : membre du commitee ou simple observateur. Si vous avez une bonne idée, elle sera retenue (semble-t-il).
Avant de commencer l'étude détaillée (très détaillée), Gijssen fourni la liste (exhaustive) des personnes ayant élaboré ou commenté les propositions : M. Bratosevic, B. Macieja, M. Piguet, E. Price, S. Reuben et I. Vereschagin.
Les débats commencent. En pratique Gijssen indique le problème et donne la parole à tous ceux qui la demande. Ensuite, il ne fait pas de commentaire et garde la proposition initiale :-) Reconnaissons qu'habituellement, un consensus se dégage. Pour le fond, reportez-vous aux minutes du Congrès. Les propositions sont ensuite soumises au Board qui décide.
A un moment, le représentant de la Pologne a demandé "Pourquoi voulez-vous modifier ce règlement alors que nous n'avons pas de problème ?" Et nous avons maintenu cet article tel qu'il existait.
Deux blagues l'une de G. Gijssen, l'autre du Dr de Ridder :

- Voulez-vous faire nulle ?
- Oui.
- Et bien pas moi.

Et l'autre :
- Voulez vous la nulle ?
- Je préférerai un thé.


J'avais dit que c'était des blagues mais j'avais oublié de dire qu'elles n'étaient pas drôles.

La France gagne facilement.

Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "Stefané"avec l'accent de Papouasie Nouvelle Guinée, vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.

Voici mon copain Ruki. Il me dit bonjour, rien qu'à moi.
Après on ira prendre un café, peut-être.
Interlude : 3 nouveaux titrés de la FFE.

Christo Dimitrov
Laurent Freyd
Gerard Hernandez

sont les trois nouveaux Arbitres Fide de la FFE

Félicitation !

dimanche, mai 28, 2006


Ronde 6 : Les Commissions.

Photo : Le Chief Arbiter et "ses" seniors arbiters.

Titre et Classement : il semblerait que ce soit la commission la plus suivie. Chaque fédération vient soutenir "ses" dossiers. Quelques problèmes techniques sont également soulevés. Je ne rentrerais pas dans le détail des propositions. Internet est un média dangereux et si j'annonce ici une proposition, elle risque de se retrouver ailleurs, non pas comme un projet mais comme un nouveau règlement.
Un des dossiers présentés par la FFE a été rejeté car la moyenne elo des adversaires était trop faible. La perf était suffisante, ainsi que le nombre de titrés, de nationalité… dura lex.

Deux petits soucis d'arbitrage : Une participante déclare que son adversaire n'est pas la vraie joueuse mais quelqu'un jouant sous un faux nom ! On arrête la partie et, après vérification, il apparaît que c'est bien la bonne personne. Elle a été reconnue par deux arbitres de deux fédérations différentes.
A ma table, un grand classique : Les Blancs disposent de 35 sec. et les Noirs de 10 min. Les Noirs jouent et la pendule des Blancs arrive à 20 sec. à ce moment, les Noirs proposent nulles. Les Blancs font un geste d'énervement et répondent. Deux coups plus tard, les Noirs abandonnent. Je suis intervenu après la partie pour indiquer au conducteur des Noirs que son attitude n'était pas correcte. Il l'a très mal pris. Note : Une intervention pendant la partie, au moment le plus tendu, aurait été maladroite et risquait de faire exploser un conflit (c'est un peu la règle de l'avantage au rugby, on peut revenir à la faute).

La France bat le Portugal 3-1. C'est ce que j'avais parié avec Calos Dias. Le soir, nous mangeons avec le Président de la fédération portugaise et son épouse.

Arbitrage : Toutes les demi-heures, les arbitres notent les temps et le numéro du coup ainsi que le joueur au trait. C'est officiellement pour pouvoir réajuster les pendules en cas de problème (coup illégal, pendule en panne, etc.). Cependant, je soupçonne le Chief Arbiter d'avoir autres choses en tête :
- cela oblige l'arbitre à rester présent à son match
- il faut regarder de manière systématique les pendules et donc constater si quelqu'un est en crise de temps
- l'arbitre suit régulièrement la notation et vérifie donc qu'elle est correcte
- les joueurs et les capitaines voient l'arbitre
- en passant entre les tables, l'arbitre voit ce qui ce passe sur l'échiquier
etc…
Difficile à appliquer en tournoi classique… mais peut-être en match par équipe…

Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "Stèèphan"avec l'accent finlandais, vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.

samedi, mai 27, 2006


Jour de repos : Debout à 7h30

Il n'y a pas grand monde de réveiller dans le village. En allant déjeuner, je croise Ivantchuk (photo) qui fait les cents pas devant la zone de détente. Magnus Carlsen est arrivé.

Je passe la matinée à faire des achats et à 13h, je retrouve Carlos Dias, un Arbitre International portugais que je connaissais déjà grâce à JC Templeur (Carlos officie régulièrement à Capelle). Carlos et moi prenons la plupart de nos repas ensembles. Problème à la 6e ronde, la France rencontre la Portugal !

Etienne Bacrot est arrivé, il a l'air en très bonne forme, détendu, souriant. JC Moingt est également arrivé à Turin. L'équipe de France avait besoin de soutiens, d'encouragements. C'est parti !

L'après-midi, Assemblée Générale de l'ACP dont je fais partie. Le Président n'est autre que Pavel Trégubov, are que ce n'est pas normal d'apprendre une modification majeure la veille de la compétition. C'est d'autant plus choquant que cela enlève aux "petites" équipes la possibilité de rencontrer de forts joueurs. Applaudissements dans la salle. On se demande alors si cette modification est légale. C'est Gueurt Gijssen qui préside la séance et il demande à F. Campomanes de donner son avis sur la légalité de cette décision. Campomanes déclare qu'il donnera volontiers son avis mais comme il vient d'arriver, il ne sait pas de quoi on parle… Il semblerait finalement que ce soit légal.

Boris Koutine, le Directeur du tournoi, ne dit rien. La discussion s'envenime et G. Gijssen doit sortir de la crise. Il commence :"Je n'aime pas beaucoup l'idée d'un vote sur ce sujet mais j'aimerais savoir qui est pour la modification proposée et qui est contre". Devant l'immense majorité d'opposants et après avoir consulté divers officiels, le Chief Arbiter décide de réaliser un appariement classique. Applaudissements.
Sur le moment j'ai pensé que c'était politiquement la seule décision à prendre. Cependant le technicien que je suis était un peu déçu que ce qui me semblait une bonne décision technique ne passe pas auprès des capitaines.
Le bilan de la première ronde a montré que les techniciens avaient tords, regardez, par exemple, le résultat du Maroc !

Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "Shtephan" avec l'accent tudesque, vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.

jeudi, mai 25, 2006

Ronde 5 : Un vautour poursuit les pigeons

Les pompiers sont intervenus (avant la ronde) pour chasser un jeune vautour qui s'était introduit sous l'Oval, l'immense salle de jeu.

Hier soir, je croise Steward Reuben, le Président des Organisateurs Internationaux, également Secrétaire du Rules Commitee. C'est lui qui rédige la version finale officielle de nos règles adorées. Bref : Steward me demande ce que je fais à Turin.
- Je suis l'un des arbitres des Olympiades
- Oh realy ?! This is strange parce que vous faites partie de l'autre bord, s'étonne-t-il avec une touchante sincérité.
Voilà qui donne une bonne idée des pratiques courantes.

A la ronde 3, Anand passe devant moi alors que je soupire. Nous avions dépassé les trois heures de jeu et la fatigue commence à se faire sentir. Il se penche vers moi et me dit "En Corse, les parties seraient déjà terminées depuis longtemps, on pourrait se reposer". Et il continue son chemin avec un grand sourire, vers son échiquier où son adversaire – qui ne s'est jamais levé – a une heure de retard à la pendule. J'ai enfin compris à quoi servait la 3e copie des feuilles de parties. L'une pour les joueurs, l'une pour le Chef Arbitre et la 3e ? Je me demandais où elle disparaissait. J'ai eu la réponse aujourd'hui : elles filent à la salle d'informatique pour vérification des notations de parties (450 parties retransmises simultanément) et surtout le résultat final affiché sur le net.

Aujourd'hui, rencontre avec le Président de la DNA italienne et le Président de la DNA bulgare. L'étonnant Chairman bulgare (je reviendrais sur ce personnage singulier) me montre ses règles du jeu : Une version en anglais, une en russe et un exemplaire du BAF 106 bis !

:n> Claude Pieplu nous a quitté. Il avait enregistré un sketch (Pour Palace de JM Ribes) dans la série "Connaissez Vos Droits" qui commençait par "Votre beau-frère vous bat régulièrement auxspan>

mercredi, mai 24, 2006

Ronde 4 : Après les oiseaux, la Colombie


J'arbitre la Colombie face aux Philippines. Au premier échiquier : le GMI Mark Paragua que j'ai déjà battu. Sur une série d'une vingtaine de blitz je lui ai pris une partie… il avait dix ans. Campomanes passe régulièrement noter les coups des philippins sur un petit carnet. A la fin du match, il me demande les feuilles pour vérifier un ou deux coups. Trop tard, je les ai déjà transmises. La Colombie annule.

Mon voisin arbitre est colombien, il a suivi le match de près. Je lui dis en espagnol que c'est mia première Olympiada. Il me répond fièrement que c'est sa 21e et que la première fois qu'il a arbitré une Olympiada, c'était en mil nueve ciento cinquenta y cuatro. Il y a plus d'un demi-siècle !

L'équipe de France joue encore à côté. Le match n'est pas facile.

Chaque point est important car le classement se fait aux points de parties, pas au point de match. Par exemple : après trois rondes, une équipe qui fait trois matchs nuls marque 6 points (il y a 4 échiquiers donc 2 points de parties x 3 = 6). Une équipe qui perd 1,5 – 2,5 puis encore 1,5 – 2,5 et gagne enfin par 4 – 0 marque 1,5 + 1,5 + 4 = 7 points. Cette équipe qui a gagné un seul match peut donc se retrouver devant une autre équipe qui a fait trois nulles ! Un bon moyen d'éviter les nulles rapides. On comprend mieux l'acharnement des russes qui ont alignés deux fois 4-0.

Joël Lautier l'emporte au premier échiquier. Il regarde la position de son jeune voisin et il me dit en souriant "Heureusement que les vieux sont là pour marquer des points". Je lui réponds "C'est vrai que tu es vieux (note : il a deux ans de moins que moi), mais tu as encore de l'espoir" et je lui montre l'homme qui joue juste une place devant lui : Victor Korchnoï.

Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "Stefano"avec l'accent brésilien, vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.

Ronde 3 – Des oiseaux et des voitures

Des pigeons rentrent régulièrement dans l'immense salle de jeu et volent parfois au ras des échiquiers. Les joueurs ne semblent pas le remarquer.

Fiat est le sponsor principal de cette événement (vont-il offrir une voiture à chaque arbitre ?) Des modèles sont exposés à côtés de la salle de jeux. Tous les jours, nous avons droit à deux ou trois coups de klaxon. Les joueurs ne semblent pas le remarquer.

Un arbitre asiatique m'a dit un jour : "On reconnaît immédiatement les films français : les acteurs passent leur temps prendre des repas". Aujourd'hui, le match de notre équipe nationale ressemblait à un film français. Il y avait des barres chocolatées, des sodas et des fruits secs. Leurs adversaires, l'équipe d'Iran, sont aussi venus avec ses provisions : amandes, noisettes et chocolat. Une position symétrique en quelque sorte.

Le docteur Barbier (c'est l'un des deux "parents" des équipes de France, avec Pavel Tregubov) m'indique que la différence devrait se faire sentir dès le milieu de la compétition. Je suppose que les joueurs seront moins fatigués car ils ne puisent pas dans leurs réserves.

Les Olympiades sont cosmopolites. Si on ne vous a jamais appelé "Sté fun" avec l'accent chinois, vous ne pouvez pas savoir de quoi je parle.

mardi, mai 23, 2006

Ronde 2 : Ukraine et petit problème d'arbitrage avec la France.

Nous reviendrons sur la première ronde et sa préparation.

Aujourd'hui le match que je devais arbitrer est celui de la France. Je demande à mon Senior Arbiter de changer de place avec un collègue. Et je me retrouve arbitre du match Italie B (composée de jeunes espoirs) contre l'Ukraine.

Il n'est jamais facile d'arbitrer Ivantchuk (n°1 ukrainien) il peut avoir des réactions étranges. Un jour, à midi, lors d'un tournoi que j'arbitrai, il est descendu au restaurant en pyjama.

Ivanchuk s'assoie à l'échiquier n°4 de l'Italie. Deux télévisions italiennes filment la rencontre et les photographes sont nombreux. Je signale son erreur à l'ukrainien qui regagne la bonne place sans dire un mot. Ma voisine, une jolie arbitre italienne, me glisse "Tu as vu sa coiffure, on dirait qu'il a mis ses doigts dans une prise électrique" : Les discussions techniques habituelles avant un match.

Nous réalisons alors que les Arbitres Assistants se sont trompé avec les feuilles de parties, certaines commencent au coup n°81. En effet, les organisateurs ont imprimé quelques feuilles allant de 81 à 160 coups, au cas où les parties se prolongent sur une deuxième feuille. Et les assistants en ont glissé quelques unes parmi les "normales". Tout rentre dans l'ordre.

Durant la rencontre, Ivanchuk n'est presque jamais devant l'échiquier. Il est cependant facile à suivre de loin grâce à son pull violet et son pantalon rose. Il gagne rapidement, ainsi que Karjakin (16 ans et 2661 elo) au deuxième échiquier. Quand Tukmakov (capitaine) signe la feuille, son équipe a concédé une nulle.
Une jeune femme s'approche de Tukmakov et lui demande un autographe, dans un anglais approximatif "Monsieur, cet ami a besoin votre signature". Tukmakov la regarde comme si elle venait de lui lancer une insulte. Ses yeux bleux la glace et il lui lance séchement "Que voulez vous dire "besoin" il a "envie" c'est différent". Et il signe.

Pendant ce temps, juste à côté, l'équipe de France lutte face à une Bosnie Herzégovine très tenace.

Un petit incident se produit : l'adversaire de Maxime Vachier-Lagrave se lève et disparaît alors qu'il est au trait. Le capitaine tricolore, Pavel Trégoubov, réagit et demande des explications à l'arbitre de la rencontre. Pavel vient me voir et me signale que c'est d'autant plus gênant que dans la position l'un des coups candidats et un sacrifice. Je me refuse à intervenir et je le dirige vers G. Gijsen, le chef arbitre. La discussion est assez longue et la conclusion sera que ce manquement au règlement ne justifie pas d'intervention de l'arbitre.

Les quatre parties des français se conclurons toutes par des matchs nuls de combat.

A suivre…

Ronde 1 - L'organisation est très hiérarchisée :

Un Chief Arbiter est à la tête de cette organisation : Geurt GIJSSEN, un sage expérimenté.

Deux sous-chefs (Deputy Chief Arbiter) dirigent les Olympiades Hommes et les Olympiades Femmes (à noter que les Olympiades Hommes sont mixtes) : Franca DAPIRAN (Italie) chez les femmes et Hisham ELGENDY (Egypte) chez les hommes. Ce sont l'équivalent de nos Superviseurs qui courent partout.

Viennent ensuite sept Seniors Arbiters qui gèrent un secteur (environs 15 matchs hommes ou 20 matchs femmes, soit 60 échiquiers). La plupart parlent russe et "mon" Senior Arbiter s'appelle Fai GASANOV, il vient d'Azerbaïdjan.

Puis nous avons les Regulars Arbiters qui contrôlent un match. Un centaine de personne, Arbitres Internationaux, Fide ou équivalents de nos AF1. Votre serviteur.

Et enfin les Assistants Arbiters, tous italiens qui gèrent le matériel, les affichages, les traductions (150 nations !), etc…

Dans cette organisation technocraticomilitarobureaucratique qui n'est pas, parfois, sans rappeler le film Brazil de Terry Gilliams voici où je me situe :
Je suis l'un des quinze collaborateurs du responsable du deuxième secteur, adjoint au premier sous-chef du grand chef. En clair, j'arbitrai la rencontre Biélorussie – Pays de Galles.

Règlements : Lors de la réunion des arbitres des consignes strictes furent données. Deux exemples :

- Les téléphones des joueurs doivent être éteints. Il ne devrait pas y en avoir dans la salle de jeu. Sonnerie = Perte. Vibreur = Perte (puisqu'il doit être éteint). Alarme qui se déclanche même quand le téléphone est éteint = perte.

- Un joueur note son coup avant de le jouer : Avertissement. Il recommence : Avertissement. Une troisième fois : Perte.

Les rondes vont bientôt commencer… A suivre…

Les Olympiades d'Echecs (Championnats du Monde par équipe) ont débuté dimanche 21 mai, à Turin (Italie). Par équipe de 4 chez les Hommes et 3 chez les Femmes.

Les résultats sportifs de nos équipes ne seront pas traités ici.
Voir le site officiel : http://www.chessolympiad-torino2006.org/eng/index.php
En français : http://echiquier-nicois.org/
En anglais : http://www.chessbase.com/eventlist.asp?eventname=Chess Olympiad Turin
Les appariements (Open/Hommes) : http://schach.wienerzeitung.at/tnr3410.aspx?tnr=3410&art=2&rd=1&lan=1&flag=30
Les filles : http://schach.wienerzeitung.at/tnr3411.aspx?tnr=3411&art=2&rd=1&lan=1&flag=30
Je vais tenter de vous faire découvrir, à chaud, une (petite) partie des coulisses de l'arbitrage.


Première info impressionnante : Un peu plus d'une centaine d'arbitres officient à Torino. Parmi eux, une cinquantaine d'italiens et un français, votre serviteur, Stéphane Escafre. Il y a environ 450 échiquiers, soit un arbitre par match (3 ou 4 échiquiers).